« Les métiers d'aujourd'hui ne sont pas ceux de demain. Et de plus en plus de personnes en sont conscientes », constate Séverine Lesage, chef de produits formations chez Afnor Compétences. Cette prise de conscience pousse les employés à se projeter dans l'évolution de leur métier qui, confronté à des enjeux environnementaux, peut nécessiter une reconversion ou une montée en compétences. Et pour ceux qui travaillent déjà dans le secteur de la protection de l'environnement, les nombreuses évolutions technologiques et règlementaires sont aussi une raison incontestable pour se former. « Nous constatons une fréquentation en hausse pour les sujets liés à l'énergie, la santé et sécurité au travail, la responsabilité sociale et environnementale, ou encore la qualité-sécurité-environnement », constate Séverine Lesage. Tour d'horizon des sujets environnementaux sur lesquels il faudra se former en 2020.
Risques industriels : éviter un second Lubrizol
L'incendie du site Seveso de Lubrizol à Rouen, en septembre 2019, a remis en lumière les risques industriels, notamment le risque incendie. Comme l'a annoncé le ministère de la Transition écologique, cet accident ne sera pas sans conséquence sur la réglementation qui s'impose à ce type de site. En attendant de nouvelles directives, les industriels ressentent le besoin de vérifier leur situation. Selon Séverine Lesage, « l'accident a provoqué un regain d'intérêt et un besoin de se remettre au carré ».
« Nous observons déjà une tendance forte sur la formation incendie, que ce soient les formations managériales pour former des managers du risque, les formations techniques sur le détection et l'extinction, ou les formations opérationnelles - comme celle des pompiers - dans l'industrie et les sociétés de service », confirme Karim Hilaly, directeur du département formation chez l'organisme CNPP. Par ailleurs, les sites Seveso sont aussi concernés par une obligation de formation des sous-traitants qui interviennent sur leur site, avec un nouveau cahier des charges et des exercices pratiques.
Économie circulaire
La loi économie circulaire adoptée par le Parlement fin janvier fait évoluer les exigences sur de nombreux sujets : gestion des déchets, gaspillage alimentaire, écoconception, emballages, recyclage… De quoi interpeller de nombreuses entreprises quelle que soit leur activité. Le sujet de l'économie circulaire s'invite ainsi dans les services marketing, les services achat, la restauration collective, et n'est plus cantonné au responsable environnement ou développement durable d'une société. « La feuille de route pour une économie circulaire amène de nouveaux sujets ou remet sur le devant de la scène celui de l'écoconception par exemple, constate Séverine Lesage. Cela va de pair avec la nouvelle norme économie circulaire qui propose d'approcher l'ensemble de ces sujets ».
Santé au travail : prise en main de la norme ISO 45001
Cette norme s'adresse à des organisations de toutes tailles et de tous types : grands groupes, PME, TPE, administrations, etc. Et ce, quelle que soit leur activité. Elles sont donc nombreuses aujourd'hui à vouloir mettre en place cette norme et, par conséquent, à former le personnel chargé de la mettre en musique. « Une réforme de la santé au travail est par ailleurs attendue. Elle est en préparation depuis deux ans et pourrait révolutionner la SST ». À suivre en 2020.
Dialogue social en entreprise : place au Comité social et économique
L'application des dernières évolutions du Code du travail, fin 2017, est encore un sujet de formation dans les entreprises. Le texte fusionne, dans les sociétés de plus de 50 salariés, les trois instances représentatives du personnel que sont les délégués du personnel (DP), le comité d'entreprise (CE) et le CHSCT, dans une nouvelle instance : le comité social et économique (CSE). Une commission « santé, sécurité et conditions de travail » (CSSCT) reste toutefois obligatoire dans tous les établissements de plus de 300 salariés, ainsi que dans les installations nucléaires de base (INB), les établissements Seveso et les stockages souterrains d'hydrocarbures et de produits chimiques. « Nous constatons une augmentation des demandes pour se former à la mise en place du comité », confirme Fabien Vaninetti, responsable de la gamme sécurité-prévention chez l'organisme de formation Apave.
La certification spécifique des Caces
En matière de gestion des risques professionnels, le secteur est aussi concerné par des évolutions très pointues mais qui peuvent concerner de nombreuses entreprises. Il s'agit de l'application du nouveau référentiel pour la conduite d'engins. Au 1er janvier 2020, de nouveaux certificats d'aptitude à la conduite en sécurité (Caces) sont entrés en vigueur. « Il ne s'agit pas d'une révolution, mais plutôt d'une évolution vers plus de rigueur dans la réalisation de ces tests destinés à valider la capacité à conduire en sécurité un engin de chantier, de levage ou de manutention », explique Thierry Hanotel, expert INRS.
Pour les employeurs et les conducteurs, les principaux changements concernent les modalités de réalisation des tests. Pour pouvoir délivrer des Caces à partir de 2020, chaque organisme testeur devra disposer d'un centre de déroulement de tests, où les épreuves théoriques et pratiques pourront être organisées. « Il y a plus d'exigences sur les compétences du formateur et la qualité des plateformes pédagogiques », détaille Fabien Vaninetti, responsable de la gamme sécurité-prévention chez l'organisme de formation Apave.