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Déchets : quelle stratégie de formation pour accompagner la professionnalisation du secteur ?

La hausse des exigences en matière de recyclage des déchets impose aux agents de gagner en technicité. Flux "matière" spécialisés et automatismes requièrent des compétences nouvelles. Comment faire, alors que les plans de formation sont déjà chargés ?

Article  |  Déchets  |    

Augmentation du tri à la source, développement du recyclage, les évolutions en cours dans le secteur des déchets impactent les métiers. Impulsées en premier lieu par des objectifs législatifs, ces évolutions bouleversent les compétences nécessaires à la collecte et au traitement des déchets.

Davantage d'exigences pour les métiers du déchet qui deviennent high-tech

Pour Geneviève Bondet, responsable des affaires sociales à la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l'environnement (Fnade), la généralisation du tri à la source crée de nouveaux flux de déchets comme les biodéchets : "Il faut créer des emplois spécifiques pour accompagner le geste de tri (ambassadeur du tri) ou gérer les biodéchets (maître-composteur) et organiser les débouchés en aval. Pour preuve, le nombre de centres de méthanisation a été multiplié par trois depuis 2008. C'est autant d'emplois à pourvoir. Au-delà des flux, c'est bien la montée en compétences que nous voulons soutenir pour accompagner la mutation de l'outil industriel."

Par ailleurs, avec les objectifs de recyclage qui se renforcent, la modernisation des centres de tri s'impose, ce qui ne sera pas sans conséquence pour les agents qui y travaillent : "A l'avenir, on va être confronté à une complexification du gisement. Les déchets seront plus techniques, plus difficiles à recycler. Le flux traditionnel va s'amoindrir", explique Hélène Van Waes, chargée des relations sociales à la Fédération des entreprises du recyclage (Federec).

Et c'est sans compter sur l'arrivée du numérique et de l'automatisation qui nécessitent de nouvelles notions d'électronique et d'informatique. "L'arrivée du numérique est une tendance très forte. C'est un gros chantier de formation", confirme Hélène Van Waes. Revers de la médaille : l'automatisation réduit le nombre d'agents affectés aux manipulations, ce qui interroge sur la réaffectation des agents en surnombre.

Fédérations et entreprises, impliquées dans la formation à la transition numérique des métiers

Ce gros chantier du numérique, tous les acteurs l'ont pris à bras le corps. Federec va bientôt contractualiser avec la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle, ainsi qu'avec l'organisme paritaire collecteur agréé Opcalia. Ce dernier prendra en charge les formations en la matière dans les plans de formation des entreprises du secteur. Le tout financé par le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels.

Federec et la Fnade ont également mis en place avec l'Etat un Engagement de développement de l'emploi et des compétences (Edec) spécifique au numérique. L'objectif des Edec est d'anticiper les effets sur l'emploi des mutations économiques, prévenir les risques d'inadaptation à l'emploi des actifs occupés et répondre aux besoins de développement des compétences des salariés comme des entreprises. L'aide de l'Etat peut concerner les actions d'ingénierie en amont ou au sein du projet. Les actions, de préférence collectives, bénéficieront directement aux publics ciblés par le projet (bilan de compétences, tutorat, formation, VAE, certification…) et pourront concerner des actions d'accompagnement (information et appui des entreprises, pilotage et suivi de l'accord, évaluation).

Dans les entreprises des deux branches liées au secteur des déchets, cela se traduit déjà par la réalisation d'une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Veolia s'est plié à l'exercice et le numérique est clairement identifié comme un axe d'évolution majeur. La société dispose aujourd'hui d'un parc de trois millions d'objets connectés pour ses activités : capteurs, sondes et compteurs. La formation de ses salariés aux nouveaux outils et méthodes du numérique est de fait essentielle. Elle vient donc de lancer son Campus Digital à Jouy-le-Moutier (Val d'Oise). Le numérique sera à la fois le fond et la forme des formations. "Il faut faire évoluer les modalités pédagogiques aux besoins de la société", explique Olivier Riboud. "On se tourne vers la formation à distance, le e-learning...".

Optimiser les méthodes de formation pour accroître la diffusion des compétences

Des besoins de formation se font donc jour mais ils sont parfois difficiles à intégrer dans la formation actuelle déjà bien chargée. La réglementation du secteur des déchets étant très évolutive, les besoins de mises à jour en formation sont récurrents.

Ce secteur est très accidentogène comme l'a encore démontré le dernier inventaire 2016 des accidents technologiques établi par le Bureau d'analyse des risques et pollutions industriels (Barpi). Le secteur des déchets représente à lui seul 165 de ces événements, soit près de 20% du total. "De plus en plus d'obligations nous incombent en matière de sécurité. Cela représente 60% des formations. Ces formations consomment beaucoup de budget au détriment des formations métiers", confirme Olivier Riboud, directeur Performance et coordination chez Campus Veolia. La société s'interroge : "La sécurité et le respect des obligations réglementaires sont importants et nécessaires. Mais comment éviter les formations longues et prendre du temps pour développer d'autres compétences ?".

Tout l'enjeu est de sortir des plans de formation de masse pour affiner les besoins aux demandes. "Face à des salariés peu qualifiés, il ne faut pas proposer de formations classiques, longues et en salles. Il faut déjà valider leurs acquis professionnels et y ajouter les quelques briques manquantes", explique Hélène Van Waes de Federec. La première étape est donc une validation des acquis que le Certificat de qualification professionnelle (CQP) permet. Autre avantage des CQP, une fois les acquis reconnus, la mobilité des agents est plus facile au sein de la branche professionnelle.

Les acteurs du recyclage ont ainsi créé cinq CQP pour professionnaliser leurs salariés et harmoniser les compétences. Finies les formations sur le tas, pratiquées de pair à pair. "Les métiers ont énormément évolué ces 10 dernières années. Tous les salariés ont été professionnalisés, les opérateurs comme les fonctions support", explique Hélène Van Waes de Federec. Place désormais à la montée en compétence sur de nouveaux enjeux. Les deux fédérations ont débuté, en septembre 2017, les travaux pour une "Vision prospective partagée des emplois et des compétences" de la filière de valorisation industrielle des déchets.

 
 
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