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La méconnaissance de la biodiversité bloque le développement des emplois dans ce domaine

Malgré un contexte favorable à leur développement, les métiers de la biodiversité stagnent en France. La Fabrique Ecologique s'est penchée sur un des principaux points de blocage : la méconnaissance générale de la biodiversité. Détails avec Pierre Cellier, président du groupe de travail.

Avis d'expert  |  Biodiversité  |    

Depuis les années 1970 avec la création des premiers parcs nationaux et régionaux et la loi relative à la protection de la nature, les métiers liés à la biodiversité se sont développés et ont donné naissance à une nouvelle filière. Le premier rapport du comité de domaine "biodiversité et service écologique" évaluait, en 2010, un nombre de 20.000 emplois dont la finalité est la conservation de la biodiversité (métiers cœur). Ce même rapport espérait 30.000 emplois en 2015 et 40.000 en 2020. Aujourd'hui, l'Atelier technique des espaces naturels (Aten) et l'Association professionnelle pour la formation des adultes (Afpa) dénombrent en France environ 22.000 emplois dans les métiers "cœur" et 48.000 emplois, dont leur finalité n'est pas la préservation de la biodiversité mais qui y contribuent.

Des Français trop déconnectés de la nature

Alors que nous connaissons un contexte sociétal favorable au développement des métiers de la biodiversité (formations nombreuses et compétentes, filières en structuration, développement de l'intérêt de la société pour la biodiversité, etc.), on observe une stagnation du nombre d'emplois depuis les années 2010, et une difficulté pour les jeunes diplômés de formation en écologie à accéder à un emploi stable.

Si une meilleure structuration de la filière apparait être une des nécessités pour développer ces métiers (comme préconisé par le rapport du Conseil économique, social et environnemental sur ce sujet), l'un des principaux freins est la méconnaissance globale de la société sur la biodiversité, ainsi que la déconnexion des Français à la nature. Cette situation est un frein à la transition écologique de l'ensemble des secteurs d'activité, et donc un frein au développement de l'emploi pour les jeunes issus de formations spécialisées en écologie.

En effet, l'émergence des métiers de l'écologie en France s'est réalisée très rapidement et le différentiel de connaissance entre un ingénieur écologue et une personne n'ayant pas suivi de cursus en écologie est totalement sous-estimé. Le niveau de connaissance sur la biodiversité proposé à tous, lors de notre cursus scolaire obligatoire, ne permet pas de percevoir le niveau d'abstraction, de théorisation et de complexité des systèmes étudiés.

Les savoirs traditionnels oubliés

Par ailleurs, la transmission de savoirs traditionnels liés à la nature et ses usages a fortement diminué au cours du vingtième siècle. Les activités de cueillette de plantes ou champignons sauvages, de pêche, de culture potagère, … sont de moins en moins transmises. Couplé à la forte urbanisation de nos populations ainsi que la quasi absence de ces activités dans les activités scolaires ou péri-scolaires, l'usage de la nature en France régresse. Le groupe de travail suppose que la transmission des usages de la nature, dès le plus jeune âge, semble un point important voire indispensable pour comprendre et prendre en compte les services écosystémiques dans le quotidien personnel et professionnel à l'âge adulte.

En effet, on peut se demander comment peuvent être perçus les services écosystémiques par une personne déconnectée de la nature, qui ne voit pas les usages qu'elle a pu en faire. Difficile par la suite d'engager une transition écologique dans ce contexte. Nous supposons que ce frein à la transition écologique de l'ensemble des secteurs d'activité est un frein au développement de l'emploi pour les jeunes issus de formations spécialisées en écologie. L'amélioration de la connaissance de la biodiversité par l'ensemble des citoyens devient donc un levier important.

Développer des lieux de découverte au plus près de la population

Sur le long terme, la création de lieux dédiés à la biodiversité sur l'ensemble du territoire permettrait à tous les citoyens de découvrir les usages de la nature, le monde vivant, les processus des écosystèmes, etc. En parallèle, les programmes scolaires devront prévoir un temps scolaire ou périscolaire régulier, fréquent et tout au long de la scolarité dédié à la pratique de l'écologie dans ces lieux.

Pour l'animation de ces lieux et la transmission des connaissances en leur sein, il serait aisé de s'appuyer en partie ou totalement sur les réseaux d'associations d'éducation à l'environnement, qui ont déjà une forte expérience dans le domaine de la transmission de ces connaissances pour tous les publics et qui sont déjà structurés à l'échelle du territoire. Ces lieux pourraient également être des lieux de jardins partagés afin de créer une animation transgénérationnelle et faciliter la diffusion et la transmission des savoirs traditionnels. La création d'un lieu pour 10.000 habitants semble un minimum pour que ces lieux puissent jouer un rôle efficace sur notre territoire.

La formation des jeunes via le cursus scolaire est sans doute le levier le plus efficace mais reste un levier dont les résultats seront longs à percevoir. Il semble alors important de former l'ensemble de la population via des formations de masse à destination du grand public ainsi que de la formation professionnelle. Les formations en ligne ouverte à tous (Flot ou Mooc) pourraient trouver dans la biodiversité un sujet se prêtant particulièrement bien au modèle économique de ces formations. En effet, il semble intéressant, pour les nombreuses structures diffusant des connaissances sur la biodiversité, les structures privées ou publiques désirant former leurs salariés, ou encore l'Etat ou des collectivités souhaitant mettre à disposition des connaissances sur l'écologie et la biodiversité, de travailler ensemble pour créer de nouveaux contenus de cours en ligne et ouverts à tous.

Cette amélioration de la connaissance de la biodiversité, associée à un accompagnement de l'ensemble des secteurs économiques sur la prise en compte de la biodiversité devrait contribuer fortement à une transition écologique efficace et permettra de meilleurs développements et intégrations des métiers de la biodiversité dans notre société.

Avis d'expert proposé par Pierre Cellier, président du groupe de travail dédié aux métiers de la biodiversité de la Fabrique Ecologique

 
 
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