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Mobilité : moins de chauffeurs VTC et assimilés… faut-il racheter une voiture ?

En ce début d'année 2018, le nombre de chauffeurs prêts à vous rendre service via votre "appli VTC" va diminuer en France. La faute à un cadre réglementaire qui se cherche et dont le coût social et environnemental pourrait ne pas être neutre. Decryptage.

Article  |  Transport  |    

La mobilité fait sa révolution en Europe avec des clients prompts à utiliser leur "appli VTC" pour se déplacer lorsque nécessaire, y compris la nuit et en deuxième couronne des centres urbains.

Selon un sondage ORB du mois d'août 2017, commandé par Uber - leader des plates-formes de VTC en France - 67% des citadins Européens, et 66% des Parisiens, pourraient délaisser leur véhicule personnel au profit des Véhicules de Transport avec Chauffeur. À Paris, ils sont déjà près de la moitié à ne plus posséder de véhicule individuel et 48% étaient déjà clients d'une "appli VTC" au cours des douze derniers mois.

Par ailleurs, une enquête Mobility Nation, menée entre mai et juin 2017, indique que 21% des Franciliens ont fait appel à un VTC entre juin 2016 et juin 2017 pour leurs déplacements en Ile-de-France. Conjugué au réseau de transports en commun, l'offre de VTC permet de ne parcourir en voiture que les derniers kilomètres avant destination… un bénéfice potentiel sur le plan environnemental.

VTC, un nouveau passeport vers l'emploi non qualifié ?

Socialement, la démocratisation du recours à un chauffeur pourrait créer des emplois. Une étude du Boston Consulting Group (BCG), commandée par Uber et publiée fin 2016, évaluait à 22.000 les emplois créés par le secteur des VTC en France. Le nombre de chauffeurs pourrait atteindre 60.000-100.000 d'ici à 2022.

L'innovation et la qualité du service rendu ont convaincu le marché, avec un chiffre d'affaires annuel estimé à 800 millions d'euros HT en 2016 (90% en Ile-de-France), et pourtant quasiment inexistant en 2013. Selon les projections du BCG, le CA annuel de la profession pourrait se situer entre 1,5 milliard d'euros et 3,9 milliards d'euros en 2022.

Parallèlement, l'activité des taxis (60.000 en France / 3,4 milliards d'euros annuels en 2013) se serait contractée entre 2013 et 2016 (-5,3 % par an), en partie en raison de l'émergence des VTC. Des conclusions "optimistes", selon le cabinet Stacian, auteur d'une étude mi-2016 pour quatre organisations professionnelles du secteur taxis-VTC, et qui a souligné les imperfections méthodologiques de l'étude du BCG.

Quoi qu'il en soit, la réforme du statut des taxis est un sujet d'attention pour les pouvoirs publics qui pourront difficilement maintenir le numerus clausus de la profession, via son système de licence, et ses limitations géographiques d'exercice. Pour sa part, la profession taxi se modernise pour rester en phase avec le marché : en province, les taxis havrais exploitent une appli "façon Uber" très convaincante ; à Paris, G7 numérise son offre et accroît les services à la clientèle.

La loi "Grandguillaume", un carcan administratif machiavélique

Dans l'attente de solutionner la situation des taxis, une loi dite "Grandguillaume" entre en vigueur ce 29 décembre pour réglementer davantage les chauffeurs travaillant avec les plates-formes de mise en relation (Uber, Marcel, Chauffeur Privé...). Désormais, tous les chauffeurs professionnels devront être titulaires d'une carte VTC, dès lors qu'ils exercent dans des villes de plus de 100.000 habitants avec des véhicules de moins de dix places.

Comment obtenir sa carte VTC ? En s'inscrivant auprès d'une Chambre des Métiers et de l'Artisanat pour passer l'examen VTC, en candidat libre ou après une formation préalable via un organisme privé.

Étape 1 : un examen théorique d'une centaine de questions sous forme de QCM (Questions à Choix Multiples) et de QRC (Questions à Réponses Courtes). Plusieurs épreuves, assorties de notes éliminatoires, portent sur le droit du transport, la gestion, la sécurité routière, le français, l'anglais, le développement commercial et la réglementation VTC. Durée totale : 3h50.

Étape 2 : l'épreuve pratique qui consiste en un test de conduite de 20-45 minutes en situation professionnelle. Pour être admissible à cette épreuve, il faut avoir obtenu une note moyenne de 10/20 minimum à l'examen théorique. Pour obtenir sa carte VTC, il faut obtenir la note de 12/20 minimum à l'examen pratique.

L'examen VTC constitue une barrière à l'emploi

Très franchement, la lecture des annales de l'examen laisse perplexe. À croire que l'objectif du législateur est de barrer l'accès à l'emploi des personnes qui en sont le plus éloigné ! Une voiture, une très bonne aptitude à la conduite, un GPS et de l'empathie, voilà qui aurait dû suffire pour devenir chauffeur. D'autant que le travail est formateur et que "l'excellence à la française" peut s'acquérir en travaillant, tout simplement. Mais avec le système actuel, il est possible de se faire recaler pour son niveau de français ou d'anglais, ou sa méconnaissance de la "mercatique"… presque choquant au regard des réalités sociales.

Résultat : le taux de réussite aux épreuves d'admissibilité à l'examen pratique ne dépasse pas les 40% en Ile-de-France, moyenne constatée pour les 8 sessions qui ont eu lieu du 15 mai au 14 novembre 2017. Très frustrant pour des candidats qui vont jusqu'à investir leurs propres deniers. Inscription à l'examen VTC en candidat libre : 197 euros • location d'un véhicule double commande obligatoire pour l'épreuve pratique : 199 euros la demi-journée • préparation basique à l'examen (e-learning / salle) : 400-800 euros (facultatif, mais recommandé) • préparation incluant la pratique : 1.000-3.000 euros (facultatif, mais recommandé). Étonnamment, les exigences de résultat sont inexistantes à l'égard des organismes de formation, parfois peu scrupuleux.

15.000 chauffeurs en poste contraints de revoir leur copie

Ironie du sort, dès ce 29 décembre, les chauffeurs qui exercent pour les plates-formes de mise en relation sous le statut de la loi LOTI - dédié au transport collectif d'au moins deux passagers - seront empêchés d'exercer. Un effet direct de la loi "Grandguillaume" qui impose le statut VTC aux chauffeurs. Moins contraignant, le statut LOTI a permis de répondre vite à la dynamique du secteur du transport à la personne, tout en cadrant la profession, mais en créant des tensions chez les taxis.

L'année de transition prévue par la loi "Grandguillaume", arrivée à son terme, est jugée insuffisante par le secteur pour faire évoluer les 15.000 chauffeurs "LOTI" vers le statut VTC. Car si l'examen VTC n'est pas obligatoire pour les chauffeurs justifiant d'une année d'expérience, l'instruction des dossiers en préfecture est parfois problématique. Quant aux chauffeurs ne disposant pas d'une année d'expérience ou ne pouvant justifier de feuilles de salaire (auto-entrepreneur), ils doivent tous passer par la case "Examen Chauffeur VTC", avec parfois des délais d'inscription qui s'allongent.

Quelle économie, demain, pour créer des emplois ?

De fait, la mobilité du 21ème siècle bouscule le secteur des transports et les situations prétendument acquises. Concernant les chauffeurs, en cherchant à ménager la profession des taxis, sans vraiment la rassurer, l'État est en train de poser des barrières à l'emploi pour toute une catégorie de personnes en quête de débouchés. Selon l'étude du BCG, entre 8.000 et 11.000 chauffeurs Uber et consorts déclarent qu'ils étaient auparavant sans activité, 1/3 depuis plus d'un an, et principalement dans des territoires où le taux de chômage est élevé.

Il suffit d'être client Uber, Marcel ou Chauffeur Privé pour apprécier la qualité du service et l'implication des chauffeurs. Avec ou sans carte VTC, l'expérience client est souvent convaincante. À la professionnalisation "théorique" voulue par l'État et sa "carte VTC", les plates-formes de mises en relation auraient préféré privilégier le permis de conduire, la formation interne, la pratique et les notations par les clients. Un système positif et plus ouvert ?

 
 
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