Grenelle II, loi NOTRe, GEMAPI, réforme DT/DICT… Les lois relatives à la cartographie, l'instrumentation, la gestion et l'entretien des réseaux d'eau s'additionnent. Au profit d'une meilleure gestion patrimoniale des infrastructures et de la réduction des pertes en eau. Les professionnels du secteur, tant en conception qu'en exploitation des réseaux, parlent de digitalisation des métiers. Une évolution majeure.
Modéliser avant de creuser une tranchée
Un exemple concret de cette digitalisation ? Le décret n°2011-1241 du 5 octobre 2011 (réforme DT/DICT). Il impose aux concessionnaires de cartographier les réseaux d'eau au 1er janvier 2019 dans les zones urbaines et au 1er janvier 2026 dans les zones rurales. L'objectif : alimenter une base de données accessible à toute entreprise effectuant des travaux ou tranchées dans le sol pour éviter accidents et autres dégâts. Cette cartographie s'insère également dans la démarche Open Data instaurée dans le cadre de la cession de marchés publics. En bref, il faut aujourd'hui modéliser et recourir à ces informations.
"Les ingénieurs doivent connaître le droit de l'environnement"
Le contexte réglementaire du secteur de l'eau modifie en profondeur les métiers, côté ingénieurs et techniciens. "Les ingénieurs doivent désormais connaître le droit de l'environnement", explique Christian Laplaud, président du cabinet de conseil Altereo. Ils doivent aussi être capables de modéliser ces réseaux de manière digitale et les doter d'intelligence artificielle pour en faciliter la gestion. Les techniciens doivent, quant à eux, savoir utiliser les nouveaux outils digitaux mis à leur disposition pour bien exploiter cette cartographie des réseaux.
Faire évoluer la formation pour répondre aux enjeux
L'évolution des métiers de l'eau implique une adaptation de la formation. C'est justement l'un des volets du nouveau contrat de filière signé le 31 janvier 2019 à l'occasion du Carrefour des gestions locales de l'eau (CGLE). Celui-ci prévoit le lancement d'une étude PIC (Plan d'investissement des compétences) pour mieux cerner les besoins des entreprises.
En attendant, des entreprises, comme Altereo, Saur ou encore Veolia, prennent les devants et proposent déjà des formations en interne. Et pour cause : certains métiers sont déjà en tension dans le secteur : programmateurs d'automates, électromécaniciens, ordonnanceurs, ingénieurs big data, etc.
S.Trollé et E.Buzaud.