A l'occasion de la grève mondiale de la jeunesse pour le climat du 15 mars 2019, les élèves de l'Ecole polytechnique se sont réunis dans la cour de leur établissement pour constituer une chaîne humaine formant un "1,5° C". Leur message : limiter le réchauffement climatique à 1,5° C, comme le recommande le rapport du GIEC du 8 octobre 2018. Une action symbolique pour une réclamation concrète : intégrer les questions environnementales dans l'ensemble des cursus de l'école d'ingénieurs.
La problématique environnementale est pour l'heure absente de la première année du cursus ingénieurs. Trois cours - sur une quarantaine - abordent la question en deuxième année. Ce n'est qu'en troisième année que les étudiants peuvent s'intéresser plus spécifiquement aux questions environnementales au travers de deux programmes dédiés : « Énergies du XXième siècle » et « Sciences pour les défis de l'environnement ».
"Nous voulons que chaque personne comprenne le cadre dans lequel elle va évoluer : le système Terre et quelles en sont les limites", explique Victor François, président de l'association DDX (développement durable à l'X).
Vers une critique des modèles économiques ?
L'association est en pourparlers avec la direction de l'école depuis le mois de décembre 2018 pour intégrer la question environnementale dans le cours commun d'économie refondu cette année. "Nous voudrions que les cours intègrent au moins une critique des modèles et outils économiques mis en place au regard de l'empreinte écologique", indique Victor François.
La direction a pour le moment opté pour une séance d'1h30 sur le réchauffement climatique, avec un passage en revue des différents modèles économiques. Elle sera accompagnée de 2h de travaux dirigés sur le sujet.
La nécessité de formuler une critique à l'égard des modèles économiques pour réaliser la transition écologique avait été soulignée par Clément Choisne. Le 30 novembre dernier, à l'occasion de la remise des diplômes de l'Ecole Centrale de Nantes, il avait prononcé un discours. "Il y a des choses qui ne sont jamais remises en cause dans nos études d'ingénieur" regrettait-il.
Près de 30.000 signataires pour le manifeste étudiant pour un réveil écologique
Clément Choisne et les étudiants de l'Ecole polytechnique ne sont pas les seuls réclamer des évolutions dans les maquettes pédagogiques de leur cursus. Ces revendications sont également celles des quelque 30.000 étudiants signataires du manifeste étudiant pour un réveil écologique (majoritairement issus d'HEC, AgroParisTech, Sciences Po, ENS et de Polytechnique).
Accorder une plus large place au climat et à la biodiversité dans l'éducation est une des ambitions de l'Accord de Paris. Elle figure aussi dans les Objectifs du Développement durable des Nations Unies. Les étudiants attendent des actes.
Elodie Buzaud.