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Hydrogène : comment les entreprises anticipent les besoins de recrutement de leurs gigafactories

D'ici trois ans, la France comptera plusieurs méga-usines de fabrication d'électrolyseurs ou de piles à combustible. Ce passage à l'échelle accroît les nécessités de personnel supplémentaire d'une poignée d'entreprises déjà en pleine croissance.

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Hydrogène : comment les entreprises anticipent les besoins de recrutement de leurs gigafactories

Construire une « gigafactory » n'est pas seulement un défi technique. Il s'agit également d'un challenge en matière de recrutement : qui dit « méga-usine » dit « méga-besoin » de personnel. En juillet 2022, la Commission européenne a validé les 41 programmes d'un premier projet important d'intérêt européen commun (Piiec) consacré à l'hydrogène, dénommé Hy2Tech. Parmi la quinzaine d'innovations françaises proposées, plusieurs portent sur la construction de méga-usines, chacune soutenue par l'État à hauteur de 80 à 120 millions d'euros.

Une industrialisation accélérée

« L'enjeu, c'est l'industrialisation, souligne Maria-Alcon Hidalgo, responsable des communications, des affaires publiques et du développement durable chez Symbio, une coentreprise de Michelin et Faurecia établie à Vénissieux (Rhône). L'objectif est de déclencher des économies d'échelle et d'acquérir une certaine maturité. » Cette ambition, européenne, mais également française, met un coup d'accélérateur supplémentaire à une filière en constante progression ces deux dernières années. « En deux ans, la taille moyenne des projets de production de nos clients a été multipliée par seize, pour parvenir à des électrolyseurs de 80 mégawatts, estime ainsi Denis Boudailliez, directeur de la production en Europe du groupe belge John Cockerill. Pour nous, augmenter nos propres capacités de fabrication représente une motivation particulièrement stimulante. »

 
L'objectif est de déclencher des économies d'échelle et d'acquérir une certaine maturité  
Maria-Alcon Hidalgo, Symbio
 
D'autant que ces nouveaux « méga-projets » s'inscrivent déjà dans un élargissement général des effectifs pour les entreprises de la filière. En 2022, McPhy, une société grenobloise spécialisée dans la fabrication d'électrolyseurs alcalins, a par exemple quasiment doublé son effectif, qui dépasse désormais les 200 salariés. Et elle ambitionne, à terme, de recruter entre 400 et 450 professionnels de plus, rattachés spécifiquement à sa prochaine gigafactory de Belfort, censée être opérationnelle au premier trimestre 2024.

Symbio, qui compte déjà environ 600 collaborateurs, a gonflé son équipe de 70 % en douze mois. Et d'ici au second semestre 2023, une centaine d'employés supplémentaires devrait être nécessaire pour exploiter sa future usine de piles à combustible de Saint-Fons (Rhône). Quant à John Cockerill (6 000 collaborateurs) et à Elogen (100 salariés), une société implantée aux Ulis (Essonne), chacune prévoit d'engager une cinquantaine de personnes pour que fonctionnent leurs prochaines méga-usines d'assemblage de composants-clés. Ces usines s'installeront l'une à Aspach-Michelbach (Haut- Rhin) à la fin de l'année 2023, l'autre à Vendôme (Loir-et-Cher) en 2025.

À chacun sa stratégie

Si l'industrialisation de l'hydrogène vert concerne toute la filière sans exception, chaque projet de « gigafactory » présente un défi unique pour chacune de ces entreprises. Elogen mise sur une technologie dont elle seule a le secret dans l'Hexagone : l'électrolyse à membrane échangeuse de protons (PEM). Cette technologie se différencie des électrolyseurs alcalins conventionnels en faisant appel à des membranes polymériques plutôt qu'à une solution liquide pour générer de l'électricité grâce à des atomes d'hydrogène. Les empilements de cellules, ou « stacks », qui constituent un électrolyseur, en deviennent plus compacts et ainsi moins soumis à des contraintes spatiales. Ce pari technologique, qu'elle compte mettre en oeuvre dans sa future usine d'assemblage de « stacks » à Vendôme, la pousse à se focaliser sur son équipe de recherche et de développement aux Ulis. « Nous travaillons encore sur les procédés d'assemblage de l'usine, explique Jean-Baptiste Choimet, directeur général d'Elogen. Il est encore un peu tôt pour nous lancer dans le recrutement des techniciens de maintenance dont nous aurons besoin en 2025. Nous serons prêts à la fin de l'année 2023, lorsque les travaux auront débuté. »

Du côté de John Cockerill, qui se concentre également sur une industrialisation spécialisée (la fabrication de cellules de « haute qualité » d'électrolyseurs), les recrutements ne commenceront qu'au deuxième trimestre 2023 et se focaliseront sur les métiers de la qualité, de la gestion et de l'ingénierie des lignes de production. À l'opposé, McPhy entend fabriquer de A à Z l'équivalent d'un électrolyseur complet par semaine d'ici à 2026 sur son futur site de Belfort. Elle aborde donc ses besoins de recrutement, largement supérieurs à ceux des autres projets cités, d'une manière totalement différente. « Nous voulons directement puiser dans le réservoir de candidats en reconversion qu'offre le bassin industriel de Belfort, déclare Antoine Ressicaud, directeur général de McPhy. La cadence de nos recrutements s'accélèrera avec la montée en puissance de notre site et essaimera jusqu'à nos équipes de R & D. Nous planifions une progression globale de l'entreprise autour de ce projet. »

Former toute une filière

Symbio, quant à elle, s'appuie déjà sur son organe de formation interne : la Symbio Hydrogen Academy. Depuis 2019, l'entreprise rhodanienne dispense à ses collaborateurs un programme pédagogique de dix-huit mois afin de les acculturer à tous les aspects de la production d'une pile à combustible et à la mise en oeuvre d'un banc d'assemblage, pour aller au-delà des simples connaissances théoriques sur le fonctionnement de la technologie. Depuis avril 2021, elle propose cette formation en externe, ce qui l'a conduit à embaucher une quarantaine de collaborateurs. Et d'ici au mois de juin, elle compte même mettre à disposition une cinquantaine de modules de formation aux autres acteurs de la filière, en partenariat avec des établissements académiques. « Notre vision est de former nos équipes, et aussi de participer à informer le public sur le reste des métiers de la filière, affirme Jean-Baptiste Ballif, directeur de la Symbio Hydrogen Academy. Notre pari, à terme, est de toucher l'ensemble de la filière automobile, pour les acculturer, puis les habiliter à intervenir techniquement sur des véhicules à hydrogène qui utiliseront nos 50 000 piles à combustible fabriquées chaque année. »

 
 
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