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L'éolien peine à recruter pour assurer la maintenance des parcs en région

La filière éolienne a consacré son rendez-vous annuel Eole Industrie à la thématique emploi, formation et maintenance. Un enjeu crucial à l'heure où les entreprises peinent à recruter des techniciens pour assurer la maintenance des parcs. Analyse.

Article  |  Energie  |    
L'éolien peine à recruter pour assurer la maintenance des parcs en région

L'emploi et la formation sont passés au premier plan dans la filière éolienne. En atteste la thématique choisie pour Eole Industrie - l'un des rendez-vous annuels des acteurs de la filière - organisé les 26 et 27 juin 2019, à Orléans : "Emplois, formation et maintenance dans l'éolien".

Technicien de maintenance : un métier en manque d'attractivité

La problématique, en filigrane de cet événement, c'est bien celle de l'attractivité du métier de technicien de maintenance éolienne. Un métier en pénurie lourde. Les deux principaux constructeurs, qui assurent également la maintenance de leurs parcs, Vestas (3.880 MW installés) et Enercon (3.626 MW installés), ont du mal à pourvoir leurs 100 postes chacun, dont une majorité en maintenance. Idem du côté des maintenanciers, comme Windparkservice France, installé en France depuis 3 ans, qui cherche non sans peine à recruter 4 techniciens pour étoffer son équipe de 15 personnes.

   
Répartition des emplois éoliens liés aux activités exploitation et maintenance
 
   

La profession s'interroge sur les niveaux de salaires (à peine plus élevés que dans la maintenance industrielle). Pour Adeline Macke, responsable des ressources humaines chez Enercon, "le problème, c'est la localisation des postes". Les postes en maintenance sont localisés près des parcs. A savoir : en zone rurale, principalement dans les Hauts-de-France (418 installations, 3.982 MW), en Région Grand Est (356 installations, 3.409 MW) et en Occitanie (185 installations, 1.541 MW).

Les formations spécialisées peinent également à attirer les élèves. C'est le cas, par exemple, du lycée Dhuoda de Nîmes. Bien que dimensionné pour accueillir 45 élèves en formation professionnelle pour l'accès au titre RNCP "Technicien de maintenance de parcs éolien on shore" (1 an), et BTS industriel "Maintenance des Systèmes éoliens" (2 ans), il ne forme que 25 à 30 élèves par an.

Conséquences : difficultés terrain, turn-over, main d'oeuvre étrangère…

Les entreprises de la filière ne cachent pas les conséquences de cette pénurie de techniciens de maintenance. A savoir : un élargissement du sourcing, qui aboutit à des difficultés sur le terrain et à une hausse du turn-over. Il atteint 30 % chez Vestas sur les postes de techniciens de maintenance. Car ce métier requiert des compétences spécifiques, liées à l'éolien, au travail en hauteur, en informatique… Il nécessite aussi un bon niveau d'anglais, car la documentation est en anglais. Les techniciens de maintenance sont aussi amenés à travailler avec des sous-traitants, voire des collègues issus d'autres pays européens. "Le travail détaché reste une solution qui fait face à un problème d'acceptabilité", indique Emmanuel Schuddinck, président de Justy et membre du comité de direction de la BZEE Academy.

La formation professionnelle sur 6 mois BildungsZentrum für Erneuerbare Energien (BZEE), certificat international demandé par les entreprises du secteur (avec le GWO), a également élargi son sourcing en réponse à un manque de candidats, ce qui n'a pas échappé aux employeurs. "Nous avons eu quelques soucis de compétences sur le BZEE", indique Christophe Godais, responsable du centre de maintenance de la région Centre de Vestas à la tête d'une équipe de 36 techniciens et agents pour 240 machines (550 MW). En conséquence de quoi, elle oeuvre désormais à sa refonte complète.

Puiser dans le vivier des candidats en reconversion

"L'idée, c'est de faire évoluer le BZEE et de traiter le problème de la pénurie de candidats, indique Emmanuel Shuddinck. Nous allons vers une évolution du modèle du BZEE pour l'adapter aux profils en reconversion et leur permettre d'accéder à des modules à la carte et à la VAE." De quoi réduire le temps de formation pour les candidats en reconversion déjà dotés d'un bagage en électrotechnique. "Aujourd'hui, les profils en reconversion quittent la formation car elle est trop longue et s'orientent vers l'industrie", constate-t-il.

"En termes d'attractivité, la filière est en concurrence avec l'industrie traditionnelle pour attirer les profils de techniciens de maintenance", confirme Matthieu Monnier, chef de l'industrie, de l'offshore, des travaux techniques et des territoires de France Energie Eolienne. Un métier lui aussi en pénurie.

Les certifications professionnelles requises posent un autre problème. Elles ne sont pas éligibles au Compte personnel de formation (CPF), alors que le coût des formations est élevé (9.800 euros pour la formation "GRETA Technicien de maintenance parc éolien" du Maine, par exemple).

Former les jeunes, un impératif pour ce métier en évolution

Les entreprises de la filière optent pour différentes solutions afin de garantir une maintenance de qualité : développement de la formation interne, développement des stages et de l'alternance, partenariats écoles (Enercon, par exemple, fournit des machines aux écoles pour que les élèves soient formés à sa technologie). 
Une manière pour la filière de garantir un vivier de candidats fraîchement formés pour les années à venir. Car le métier évolue. Les machines sont de plus en plus grosses et la maintenance se digitalise. "Les techniciens de maintenance doivent maintenant être calés en informatique car une éolienne n'est ni plus ni moins qu'un gros ordinateur", affirme Christophe Godais de chez Vestas.

Sans compter que "demain, le technicien de maintenance sera en mer et il travaillera à 100 mètres de hauteur", comme le souligne Christophe Picard, directeur délégué à la formation professionnelle et technologique du Lycée Descartes et Maupassant de Fécamp, où un mât d'éolienne vient d'être installé en vue du développement de l'éolien au large des côtes normandes.

Assurer la maintenance pour garantir le développement de la filière

Le projet de Programmation pluriannuelle de l'Énergie (PPE) vise 24,6 GW de puissance installée d'ici à 2023, contre 15,3 GW aujourd'hui. Il prévoit le déploiement de 4,7 à 5,2 GW de puissance éolienne en mer d'ici à 2028 (3,1 GW sont actuellement en cours de déploiement en France). Dans ce contexte, la filière doit tout mettre en oeuvre pour assurer la maintenance des parcs, sachant que chaque turbine doit faire l'objet d'une visite de maintenance au moins une fois par an.

Une maintenance insuffisante a été mise en cause dans l'effondrement de l'éolienne EDP Renewables en novembre 2018 dans le Loiret, à deux pas d'Orléans et du lieu choisi par la filière pour son édition 2019 d'Eole Industrie.

Carte extraite de l'Observatoire de l'éolien 2018, de France Energie Eolienne.

Elodie Buzaud.

 
 
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