Ça y est. Les risques liés aux changements climatiques ont leur chaire. Une chaire de prospective et de formation, annoncée par l'assureur Allianz France et le Centre national des arts et métiers (Cnam) le 16 mai 2019. Appelée "chaire nouveaux risques", elle prendra en compte tous les risques émergents qu'ils soient économiques, politiques, sociétaux, technologiques et environnementaux.
Son objectif sera d'apporter des réponses aux problématiques assurantielles notamment dans le domaine du changement climatique. Les travaux de la chaire donneront lieu à la publication d'un rapport, nourri par l'expérience des enseignants-chercheurs du Cnam et des experts d'Allianz France. La première édition est prévue pour 2020.
Peu de "spécialistes" des risques liés aux changements climatiques
La chaire proposera également des événements pour sensibiliser et former les collaborateurs d'Allianz France, mais pas seulement. La Fondation du Cnam, qui les hébergera, sera ouverte à tous les publics intéressés par le sujet. Et ils risquent d'être nombreux.
Les effectifs dédiés à la gestion des risques liés aux changements climatiques dans les sociétés d'assurance sont encore limités, selon un récent rapport de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Même si "un grand nombre de fonctions peuvent participer à ce suivi de façon indirecte (souscription, gestion des risques, tarifications…)", précise l'ACPR.
Un besoin poussé par la législation et le souci de rentabilité des sociétés d'assurance
Plusieurs raisons poussent les assureurs à se professionnaliser en la matière. Premièrement, ils doivent répondre aux besoins de leurs clients : depuis l'article 173 de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, les entreprises, les investisseurs et les gestionnaires d'actifs doivent publier annuellement les informations sur leur prise en compte des risques liés aux changements climatiques.
Deuxièmement, les assureurs doivent assurer leur propre rentabilité. Or "le risque climatique n'affecte pas seulement l'actif du bilan mais également le passif des organismes d'assurance", indique l'ACPR. "Les risques associés à l'augmentation de la fréquence et du coût des événements climatiques extrêmes (…) ont des conséquences directes sur la tarification des polices d'assurance." Un constat qui incite de plus en plus de sociétés d'assurance à revoir leurs portefeuilles d'investissement. Comme Allianz, qui a notamment cessé, depuis 2018, d'assurer les centrales thermiques et les mines de charbon.
Elodie Buzaud.