Acteur public indépendant, au service de l'innovation dans le bâtiment, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) exerce quatre activités clés - recherche, expertise, évaluation, diffusion des connaissances - qui lui permettent de répondre aux objectifs du développement durable pour les produits de construction, les bâtiments et leur intégration dans les quartiers et les villes. Le CSTB contribue de manière essentielle à la qualité et à la sécurité de la construction durable grâce aux compétences de ses 900 collaborateurs, de ses filiales et de ses réseaux de partenaires nationaux, européens et internationaux. Le CSTB a une politique active en faveur de l’égalité professionnelle et l’intégration des travailleurs handicapés.

Contexte : Les radiofréquences sont au cœur d’une controverse sanitaire particulièrement vive. Les enjeux impliquent le CSTB tant au travers de ses objectifs stratégiques relatifs à la gestion des risques sanitaires qu’à l’innovation saisis à différentes échelles allant du bâtiment au territoire. Alors que les recherches ne mettent toujours pas en évidence le lien entre l’exposition aux radiofréquences et les symptômes associés aux radiofréquences, l’hypersensibilité pose de plus en plus problème aux pouvoirs publics en charge des questions sanitaires.
La polémique actuelle autour de l’étude Cochin (étude épidémiologique pilotée par le professeur Choudat) inscrit le rôle des « facteurs psychogènes » au cœur de la controverse. L’électrosensibilité, comme le syndrome des bâtiments malsains, est désignée comme une intolérance environnementale idiopathique (désigne des ensembles de symptômes associés à des facteurs environnementaux tolérés par la plupart des gens et non explicables par d’autres désordres psychiatriques ou médicaux connus). Le caractère spectaculaire des réactions individuelles et sociétales aux radiofréquences impose un approfondissement des recherches psychosocioéconomiques et la production de données empiriques relatives à ces réactions utilisables pour l’élaboration des politiques publiques de gestion du risque. La densité urbaine conjuguée à l’intensification des innovations technologiques posent des problèmes spécifiques à l’environnement urbain où s’observent des plus en plus de contestations sociales en réaction à des installations (antennes relais, zones wifi, etc.).

L’objectif de la thèse serait d’explorer les facteurs explicatifs des réactions de la population aux sources de radiofréquences en milieu urbain et de définir des outils de prévention et de gestion. La demande de thèse s’inscrit dans une école doctorale en psychologie sociale et environnementale.
Toutefois, étant donné la complexité du phénomène de société étudié, au-delà des dimensions psychologiques, la thèse devra s’ouvrir aux dimensions sociologiques, économiques, épidémiologiques et techniques. Cette recherche reposera donc sur une approche multidimensionnelle et proposera une méthode multicritère d’investigation des controverses environnementales.

La méthode développée visera à :
- Expliquer les processus liés à la perception de ces risques aux échelles du bâtiment, du quartier et de la ville
- Développer une grille d’analyse multicritère
- Proposer des outils de gestion (particulièrement pour les pouvoirs publics) L’approche multifactorielle et la complexité du sujet impliquent le développement d’une méthode multicritères. Nous avons pu observer dans un autre cadre (recherche Psycobat) l’intérêt et la pertinence des investigations interdisciplinaires (exploration des syndromes des bâtiments malsains par les dimensions psychosociologiques, sensorielles et techniques). Les techniques d’investigation reposeront sur une construction collégiale d’outils de recueil de données empiriques (avec des chercheurs en sociologie, économie, ingénierie).

Plusieurs techniques de recherche seront développées :
- Des expérimentations seront en laboratoire auprès d’individus et de groupes en vue d’étudier leurs réactions dans différentes situations perceptives et d’exposition. Les données expérimentales constitueront un matériau de réflexion pour étudier les dynamiques individuelles et collectives en entretiens individuels et collectifs post-expérimentaux (laboratoire du CSTB de Grenoble et laboratoire de simulation de crise de l’Ecole des Mines d’Alès)
- Des enquêtes de terrain : seront conjuguées plusieurs techniques classiques en sciences sociales ; entretiens individuels et collectifs, cartes mentales, questionnaires de représentations sociales L’échantillon de l’enquête de terrain sera constitué sur la base de données géographiques (distribution des sources dans l’espace), techniques (expositions), socioéconomiques dans des environnements controversés. Résultats attendus :
- Approfondissement des connaissances des processus en jeux dans les controverses environnementales liées aux radiofréquences.
- Développement d’une méthodologie croisée (psychosociologique, économique et technique) d’investigation des crises sanitaire en relation avec l’innovation. La méthode proposera différentes techniques d’investigations de terrain et de laboratoire.
- Production de données empiriques (qualitatives et expérimentales) relatives aux interaction entre la perception des risques, les usages sociaux de technologies innovantes et les enjeux économiques et sociopolitiques de la controverse.
- Proposition de modalités de prévention et de gestion du risque en situation d’aménagement innovants et développement d’outils concrets d’aide à la décision.
- Communications scientifiques dans des colloques et des revues mono-disciplinaire et pluridisciplinaires.