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« Il y a de la place en droit de l'environnement pour les juristes passionnés et compétents »

Comment faire pour devenir un avocat en droit de l'environnement ? Arnaud Gossement, avocat spécialisé en la matière et professeur associé à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, offre les principaux éléments de réponse.

Avis d'expert  |    

Emploi-Environnement : À quoi distingue-t-on un avocat en droit de l'environnement de n'importe quel autre avocat ?

Arnaud Gossement : Au sens premier, un avocat en droit de l'environnement est un avocat titulaire d'un certificat de spécialisation en droit de l'environnement, délivré par l'Ordre des avocats. Ce certificat ne garantit évidemment pas que l'avocat ainsi certifié continue de mettre à jour ses connaissances. Aussi, l'avocat en droit de l'environnement est comme celui qui se voit régulièrement confier des dossiers qui appellent des connaissances dans cette spécialité. Certains avocats en droit de l'environnement se spécialisent à l'intérieur même de cette spécialité. Certains de mes confrères prennent surtout des dossiers en droit des installations classées ou en droit de l'eau, en droit animalier ou bien encore en droit des déchets. D'autres - c'est le cas de mon cabinet - exercent dans tous ces domaines ainsi que dans des matières connexes comme le droit de l'urbanisme et le droit de l'énergie.

Depuis sa constitutionnalisation en 2005, les principes et objectifs du droit de l'environnement se sont étendus à l'ensemble des autres branches du droit. Et ce droit n'est plus uniquement une matière de droit public. Certains professionnels (avocat, juge, notaire, juriste d'entreprise, juriste, etc) pratiqueront le droit de l'environnement, mais aussi et dans le même temps : le droit de l'urbanisme, le droit de l'immobilier, etc.

EE : Faut-il différencier les « avocats militants », qui défendent des associations de défense de l'environnement et les « avocats d'affaires » qui défendent des entreprises ?

AG : Cette distinction a pu avoir sa raison d'être, mais me paraît de moins en moins opérante. Chaque avocat, quelle que soit sa spécialité, exerce différemment selon la nature de sa clientèle. Un avocat peut consacrer l'essentiel de ses journées à rédiger des consultations pour des entreprises ou à courir les tribunaux pour plaider ses dossiers en défense de particuliers – ou à faire les deux !

EE : La pratique de ce métier a-t-elle récemment subi des évolutions ?

AG : Les avocats en droit de l'environnement sont aujourd'hui confrontés à deux principaux changements. Primo, la complexité des dossiers. Non seulement le droit de l'environnement s'est enrichi et ouvert à d'autres enjeux, mais les normes qui le composent sont de plus en plus nombreuses, de plus en plus changeantes et, trop souvent, fort mal écrites. Les règles de procédure devant les juridictions sont, elles aussi, plus nombreuses et complexes. Les risques d'erreurs sont plus importants.

Deuxio, le temps. Il y a vingt ans, il n'était pas rare de disposer d'un délai de trois semaines pour rédiger une consultation. Le temps s'est considérablement réduit, accéléré. La plupart des clients qui appellent mon cabinet, souhaitent des réponses rapides, parfois en quelques heures, à des questions toujours très complexes. On peut le regretter, mais il est difficile de ne pas composer avec cette accélération. Elle suppose de s'adapter. Il est plus que jamais essentiel d'actualiser ses connaissances tous les matins sans attendre le dossier qui exigera cette mise à jour. Le jour où le dossier arrive, vous n'aurez peut-être pas le temps de vous former longuement aux subtilités du cadre juridique auquel correspond la question posée.

EE : Quel est le parcours idéal à suivre pour devenir avocat en droit de l'environnement ?

AG : Il est tout d'abord nécessaire d'étudier à la faculté de droit qui reste le meilleur sinon l'unique endroit au monde pour étudier le droit. Après une licence qui ne sera pas nécessairement spécialisée en droit public ou en droit privé, il est possible de choisir un master 1 puis un master 2 en droit de l'environnement. Presque toutes les facultés proposent un tel parcours en master.

Pour « bien » choisir son master, il ne faut surtout pas s'appuyer sur la seule « réputation » de l'université. Il est notamment nécessaire d'étudier aussi le profil des intervenants. Si vous souhaitez vous engager dans un travail de recherche en doctorat après votre master, il peut être utile de rédiger un mémoire sous la direction d'un professeur qui aura publié dans votre domaine de prédilection. À l'inverse, si vous souhaitez devenir avocat, vous apprécierez de rencontrer et d'échanger avec de futurs confrères qui enseignent également.

Quant aux étudiants qui n'ont pas choisi un master spécialisé en droit de l'environnement et qui le regrettent, je réponds : pas de panique. Je n'ai jamais étudié le droit de l'environnement à l'université. Je me suis pris de passion pour cette matière durant mon doctorat et j'ai eu ensuite la chance d'exercer pendant dix ans au sein d'un cabinet spécialisé (Huglo-Lepage). Certains avocats décident même, après plusieurs années d'exercice, de se réorienter, de changer de spécialité, de suivre une formation ou de changer de cabinet pour changer de dossiers.

EE : Quels sont vos conseils pour les jeunes avocats en début de carrière dans le domaine ?

AG : D'abord, cette orientation n'a rien de « bouchée » : il n'y a pas trop d'avocats et pas trop d'avocats en droit de l'environnement. Il y a de place, beaucoup de place pour les juristes passionnés et compétents, qui auront à cœur de bien faire leur travail, d'actualiser leurs connaissances, de bien écouter les besoins de leurs clients ou de leurs collègues, de bien expliquer leurs analyses.

Ensuite, il faut avant tout ne pas oublier qu'un avocat ne cherche pas un emploi (il en a déjà un), mais des clients. Mon conseil serait de vous installer dans des locaux où vous pourrez échanger avec d'autres avocats pour profiter de leurs conseils, de leurs expériences, mais aussi vous constituer très vite un réseau pour trouver l'information et vous constituer une clientèle.

 
 
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